dimanche 10 janvier 2010

François Bon, Autoroute (1999)





Discussion de Autoroute (1999) par François Bon.


Site François Bon


Documents Autoroute

17 commentaires:

  1. «Autoroute» me rappelle un peu le « Journal du dehors ». Dans le livre d’Ernaux, nous avons une narratrice qui a un rôle passif qui est à l’opposé de ce qui se passe dans le livre de Bon. Il nous décrit brièvement ce qu’il voit et les histoires des personnes que lui et Verne rencontrent sur leur chemin. On s’aperçoit vite que l’autoroute est un endroit impersonnel, froid, où l’on ressent un grand sentiment d’isolation et de solitude. Un énorme contraste entre un endroit quasi désertique, créé pour des arrêts temporaires, et le monde hors de l’autoroute qui donne l’impression d’« étouffement, de promiscuité et d’immobilité ». Je pense que les personnages de ce livre sont à la recherche de quelque chose (Verne par exemple) ou qu’ils sont en train de fuir quelque chose (comme Marc Langerson). Peut-être est-ce eux-mêmes?

    Le nom du cinéaste Verne qui se livre à l’aventure sur l’autoroute pendant une semaine (initialement) m’a fait automatiquement penser au « Tour du monde en 80 jours » de Jules Verne. Je ne sais pas si Bon a pensé à ça ou pas mais moi je peux voir plusieurs comparaisons.

    Pour finir, j’ai quelques questions concernant le livre : pourquoi l’auteur a-t-il décidé d’écrire des annexes et pourquoi les a-t-il ajoutées à la fin ? Avaient-elles un but particulier ? Qu’en pensez-vous?

    Céline JG

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  2. Autoroute teste l'hypothèse que les films et non pas les livres dominent tellement l'intérêt du public contemporain qu'un livre doit ressembler à un film pour avoir un public. Ce récit de voyage sur les autoroutes françaises est, dans un sens, plus semblable à un film qu'à un livre. Je m'en suis rendu compte en me disant spontanément des choses comme "c'est le livre dans lequel Verne joue le rôle d'un des personnages principaux," comme on dit des films. Le fait que les chapitres s'organisent autour des sites et des dates et se composent pour la plupart de dialogues a rendu le livre très similaire à un scénario de film. Les annexes rappellent au lecteur à la fois la recherche que l'équipe de production d'un film doit faire pour qu'un film puisse être vraisemblable et le processus méticuleux de choisir des détails pour transformer une telle recherche en une intrigue intéressante. En plus, le fait que l'intrigue suive le tournage du film de Verne et le narrateur renforce la confusion entre livre et film avec laquelle Autoroute jouait. Même le narrateur semble être d'accord que la description littéraire du voyage et des gens ne suffit pas. Ses références constantes aux "rushes" impliquent qu'il faut essayer de mettre la description du voyage en termes de film autant que possible.

    Les détails techniques que Bon a inclus dans Autoroute, comme la description compréhensive de la caméra, les marques et les modèles des voitures, et les discussions des cartes et de la route, contribuent à l'impression que ce livre n'est pas un roman autant qu'un carnet de voyage ou une ébauche d'un scénario de film.

    Marjorie Johnson

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  3. Réponse de François Bon:

    nous sommes spectateurs de films, ils font partie de notre médiation globale à la réalité du monde

    de son côté, la littérature s'est toujours saisie de chacune de ses médiations pour dresser sa propre illusion

    celle qui a le plus défriché ce terrain c'est Marguerite Duras : "le ravissement de Lol V Stein" devient théâtre, puis devient film, et elle réinvente un film différent, mais comme il n'est pas question de le tourner, elle le publie en tant que livre – alors le récit, dans la relation qu'il organise au lecteur, passe par la construction imaginaire d'un film possible

    voir notamment "l'homme atlantique" pour la façon dont Duras a fait de ce principe, découvert arbitrairement dans Lol V Stein, une dimension centrale de son travail

    le roman ne devient tel qu'à l'aune de ses dispositifs d'illusion : ce n'est pas neuf, c'est déjà dans Rabelais, trouve sa complexité moderne dans Balzac, se redéplace dans Proust

    utiliser documents réels (ici d'ailleurs tous inventés comme le récit principal) c'était la mécanique de cette illusion

    merci donc de bien vouloir réviser votre "ceci n'est pas un roman" – mais je crois que ce sera au centre de notre rencontre mardi la semaine prochaine! (je viens de réserver la voiture!)

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  4. Je suis d’accord avec Céline, Autoroute nous rappelle un peu le Journal du dehors. Les personnages principaux dans les deux livres ont regardé le monde d’un point de vue intéressant. Ils ont un sentiment d’isolation mais aussi un besoin de comprendre les individus et la société. Je suis intéressé par le fait qu’ils ont essayé de comprendre et apprendre la société dans le domaine des transports. C’est dans une façon très impersonnelle. Ce manque de rapport personnel donne à l’autoroute une image de désespoir.

    Ce livre me rappelle aussi le film Lost in Translation. Dans le film il y a un homme célèbre qui est au Japon sans sa famille. Tous les jours il se trouve dans un endroit tout seul, entouré par les personnes qui passent sans observation. Précisément quand il est dans la rue pour traverser et il n’y a que des japonais autour de lui. On peut sentir l’espace vaste avec des personnes partout mais c’est encore un non-lieu parce qu’il est tout seul. Dans Autoroute il y a toujours des personnes proches mais on est tout seul dans les arrêts temporaires. Je pense que c’est intéressant que l’auteur a marqué les chapitres par des éléments concrets, les dates et lieux, mais le sujet est plus isolé, sujet à l’interprétation.

    Taylor Marge

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  5. Autoroute se lance dans un voyage où le personnage principal Verne, accompagné par le narrateur, filme le voyage. L'intrigue n'est pas écrite par l’intermédiaire de chapitres, mais par l'heure de la journée. Verne et le narrateur ont pris la route pendant sept jours et ont affronté plusieurs histoires intéressantes tout au long du voyage pas sûrs de ce qu'ils attendaient. La plupart d'entre nous lorsque nous sommes sur l'autoroute, nous n'observons pas les gens ou les détails qui se passent. En fait, nous nous concentrons sur nous-mêmes et arriver à notre destination finale. Nous pouvons dire que, pour nous, l'autoroute est un non-lieu parce que sans faire attention, nous n'avons aucune idée de la vie qui est présente sur elle. C'est comme une vie cachée à laquelle nous ne penserions que très rarement.

    La fin du livre est beaucoup plus descriptive sur certains des
    événements qui ont lieu dans cette aventure. La plupart d'entre eux sont capturés par la caméra apportée par Verne au cours du voyage. Je me demande pourquoi le personnage principal Verne a été soudainement effacé de l'histoire ?

    Mitchell Philogene

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  6. La première chose que j’ai notée après avoir lu ce roman est que la structure suit un peu celle de Frédéric Beigbeder dans son roman Vacances dans le coma. Je dis ça à cause du fait que la structure du roman est plus ou moins unique si on la compare avec les romans typiques du passé. Par exemple, François Bon utilise un style éclectique avec les références aux annexes pendant le roman. Ces annexes sont similaires à celles que Beigbeder utilise dans son roman pour donner l’impression de chaos et d’un manque de structure. Le deuxième aspect de ressemblance avec Vacances dans le coma est la structure chronologique du titre de chaque chapitre. Ces deux romans documentent le passage du temps avec les titres de chaque chapitre.

    La deuxième chose que je veux discuter est au sujet d’un conflit entre les générations. On note que les villages autour de l’autoroute sont isolés et protégés par les écrans qui bloquent le bruit et la vue des automobiles. C’est évident que l’autoroute signifie un non-lieu, mais je trouve l’idée que les gens veulent éviter ce non-lieu moderne très intéressante. Personnellement, j’associe les petites villages avec les gens plus âgés qui ont des vies bien établies et plus traditionnelles. Par contraste, j’associe les gens qui habitent dans les grandes villes avec un style de vie qui est plus jeune et qui s’accommode mieux des cultures modernes. C’est-à-dire que les gens qui habitent dans les grandes villes recherchent les non-lieux associés à une culture moderne (comme la pop culture et les discothèques) en même temps que les gens qui habitent dans les villages traditionnels veulent échapper aux non-lieux.

    Elizabeth Downing

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  7. Au début, j’étais très ennuyée quand j’ai lu « Autoroute. » Il y a trop de dialogues. Quelque fois, j’étais confuse parce que je ne savais pas qui parlait. Cependant, quand je vois le livre dans son ensemble, il y a des éléments dans « Autoroute » qui m’intéressent. Tout d’abord, je pense que le titre du livre est bien choisi parce que l’histoire survient dans beaucoup d’endroits sur l’autoroute. Aussi, je pense que le style du roman est plus proche du documentaire et pas comme une fiction. Par exemple, les titres des chapitres sont différents de ceux des autres romans. A la place de « Chapitre 1 » et « Chapitre 2 », il y a les dates, le temps, et le nom de l’endroit où les personnages restent. Pour chaque ville, le narrateur décrit les événements qui se passent et les personnes qu’ils rencontrent. Quelque chose que j’ai remarquée est l’absence du nom du narrateur. Il dit le nom du cinéaste, Verne, beaucoup, mais l’auteur ne dit jamais le nom du narrateur. Est-ce que le narrateur est François Bon lui-même ou non ? Je ne suis pas sûre. La dernière chose que je veux dire est une citation du roman. Elle est du Livre d’Or. Elle dit : « L’autoroute, même immobile c’est un voyage ». J’aime cette citation parce que je pense qu’elle est vraie. Bien que l’autoroute n’aille pas quelque part, n’importe quelle partie de l’autoroute est une aventure différente.

    Syda Keo

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  8. Autoroute est similaire à Journal du Dehors, mais on voit une différence entre les deux. On trouve une relation qui se forme entre Verne et l’auteur, j’imagine qu’il s’agit de Bon. Mais en même temps on voit le même isolement auquel fait face Ernaux. En particulier, il y a un isolement qui se forme chez les employés qui travaillent à la station-service ou dans les péages. Chaque fois qu’on sort de l’autoroute pour payer un péage ou faire un stop. On est là pour seulement un petit moment et puis on continue avec nos vies. On n’arrête jamais d’écouter les travailleurs parler de leurs vies. Dans ce roman, on trouve que les employés nous ressemblent beaucoup. Ils ont des peurs, des espoirs, etc. Ils vivent une vie qui est pareille à la nôtre. Or, il y a ce grand isolement sur l’autoroute soit qu’il se trouve dans la voiture dans laquelle nous voyageons, dans la station-service ou dans les péages. J’ai trouvé que c’était très intéressant que Bon juxtapose cette idée d’isolement sur l’autoroute avec les relations que Verne et le narrateur forment et aussi les relations qu’ils forment avec les travailleurs dans les stations-service et les péages à cause de l’autoroute.

    Caitleen Condrey

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  9. Autoroute- lieu/non-lieu?

    Un des thèmes centraux du livre me semble être celui du lieu contre le non-lieu. Pour le responsable de programmation, l’autoroute c’est un non-lieu, avec les------ peuplés par des gens qui ne font qu’acheter de l’essence. Ce n’est pas quelque chose qui mérite d’être enregistré. Par contre, un de ces endroits anonymes à côté de l’autoroute est, pour un couple, le lieu de la crise la plus profonde de leur mariage. Donc lieu et non-lieu en même temps. La même dualité peut être vue dans la collection du nettoyeur ; des objets perdus, oubliés, sans importance pour leurs anciens propriétaires, mais encore soigneusement gardés par quelqu'un. De l’autre côté, on trouve l’homme à la BX, qui reste dans le parking précisément parce que c’est un non-lieu : il est immobilisé par la peur de rentrer dans la réalité où se trouve son appartement vide. Enfin, je ne trouve qu’aucun côté gagne. L’autoroute reste ambigüe, pour certains rien de plus qu’un lien entre des lieux, un point d’attente entre des réalités, pour d’autres un lieu en lui-même.

    Chris Curtis

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  10. Autoroute a des chapitres qui sont nommés selon le jour, le temps, et l'emplacement. Ceci est intéressant parce qu'avec le genre du non-lieu le concept de temps devient quelquefois un facteur qui n'est pas très important par rapport à l'intrigue et aux personnages. J'ai trouvé la première citation par Georges Perec fascinante parce qu'il nous demande aussi à nous lecteur et être humain de prendre un regard plus profond dans les gens et les non lieux qui nous entourent dans nos vies de tous les jours.

    Le livre est d'un réalisateur de film qui documentera un voyage sur une autoroute et les non-lieux typiques en cours de route (par exemple, la station-service). Puisque le voyage est filmé cependant, l’importance est donnée à ce voyage par les non-lieux. Verne est loin de sa vie typique, il est plutôt forcé de découvrir de nouveaux aspects de la vie dans le non-lieu par l'observation. Avec ces observations, par exemple la dispute d'un couple, l'un se fixe sur d’autres observations que sur sa propre vie. Bien que ceci soit une situation que chaque personne moyenne a éprouvée, nous sommes formatés pour la regarder toujours et voir comment les autres gens réagissent réciproquement dans les mêmes situations auxquelles nous faisons face dans la vie.

    Lauren Patch

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  11. J'ai trouvé Autoroute très intéressant. Pour mois c'était très similaire à « Journal du dehors » d’Annie Ernaux. Mais j'ai trouvé un peu étrange qu’au lieu de noter tout ce qu’ils ont vu dans des trajets ordinaires et quotidiens, ils sont partis dans une sorte de mission pour découvrir « l'ordinaire » de l'autoroute. Sans le prendre mail, je n'aimerais pas beaucoup voyager en voiture sur les autoroutes du sud de la France et m’arrêter seulement pour filmer un beau paysage ou pour fumer une clope, ou parler aux gens d'un arrêt de restaurant.

    Une autre chose que j'ai notée c'était le titre, le film de Verne allait s'appeler « Passager sur Terre ». Par ailleurs, à un moment Verne parle d’un livre qu’il a beaucoup aimé mais qu’il a perdu : « les Autonautes de la Cosmoroute ». C'est un titre au son extraordinaire pour donner un sens à quelque chose que la plupart d’entre nous trouverait très ordinaire. Ce titre me fait me demander pourquoi donc François Bon a choisi « Autoroute » comme titre à son livre ?

    Stephan Vaast

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  12. Moi, j’avais la même question que Céline : Pourquoi les annexes ? En lisant le livre, j’avais l’impression que c’était un roman, pas une vraie histoire. Je pensais que les personnages que le narrateur a rencontrés étaient trop bizarres pour être réels. Néanmoins, quand j’ai vu les annexes à la fin du livre, je me demandais si j’avais mal compris. Peut-être que c’était une vraie histoire ?

    Au début du livre, c’était Verne qui avait dit « notre monde…n’est pas encore dans les livres et les films » (pp 8). Donc, peut-être il voulait montrer la réalité, pas quelque chose de fictif. Donc, si l’histoire est fictive, ce monde présenté de l’intérieur ne serait pas « notre monde ». Ce ne serait qu’un autre monde déjà vu dans les livres et films. Ce serait un monde parmi beaucoup d’autres mondes fictifs déjà créés. Donc, après d’avoir lu, je n’étais pas sûre. Est-ce que c’était l’intention de François Bon, d’écrire quelque chose qui imite la réalité? Ou est-ce que le livre était vraiment la réalité mais que j’ai mal compris ? Je suis confuse.

    Francesca LeGault

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  13. Verne et le narrateur ont pris l’autoroute pendant sept jours et ont trouvé des histoires captivantes pendant le voyage.

    Quand on pense à l’autoroute et aux non-lieux on pense que l’autoroute est un non-lieu. C’est un endroit qui sert à conduire et c’est tout. Peut-être qu’on s’arrête pour aller aux toilettes ou pour manger, mais c’est un endroit dont on n’a pas l’habitude. Mais les personnages ici rencontrent beaucoup d’autres personnages sur la route ce qui est très intéressant, et finalement, si on parle avec des gens sur la route, peut-être alors que ce n’est pas un non-lieu.

    Le style de ce texte est intéressant. Presque chaque journée est notée avec plusieurs heures. C’est un style que j’aime parce cela permet de voir le passage du temps dans chaque chapitre.

    Chantal Vitart

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  14. Réponses de François Bon:

    pour Francesca : je ne sais pas s'il est possible d' "imiter" la réalité quand elle n'a pas de précédent langagier - c'est plutôt l'inverse qui serait source de plaisir littéraire : appréhender une zone de réalité qui n'a pas encore été constituée comme univers de langage – l'appui pour moi c'est le texte d'introduction à "l'infra-ordinaire" de Georges Perec (remarquée par Lauren, merci) : "interroger l'habituel", chercher dans le très proche ce qu'il recèle d'étrange, de non encore dit, de déplacement des relations entre les êtres – et ça me suffit comme "exercice" de littérature

    pour Stephan : suis très dépaysé lorsque je conduis sur autoroute au Canada ou encore récemment entre Buffalo et Syracuse, chez vous les distances sont immenses, et les signes plus dilués – dans nos vieux pays, l'autoroute est toujours liée au micro-environnement qu'elle traverse - "autonautes de la cosmoroute" c'est le titre d'un livre qui existe, celui de Julio Cortazar, à peine quelques mois avant sa mort (et celle de sa compagne, Carole Dunlop) ils effectuent en Volkswagen le trajet Paris-Marseille en s'arrêtant sur tous les parkings, une fois pour manger, une fois pour dormir, et ils mettent 32 jours pour faire les 850 kilomètres, comme si, conscients de leur maladie et d'une fin prochaine, il y avait cette volonté de s'isoler du monde, et que le plus grand isolement on ne le trouvait pas à l'autre bout du monde, mais dans la mutation urbaine elle-même - pour ma part, c'était cela qui m'intéressait : un théâtre dont la scène serait en mouvement, et (comme Stendhal définit le roman : "un miroir promené au bord de la route") qui serait un outil pour représenter ce dont on ne fait pas trace, relations de travail, interactions avec le paysage etc - je me souviens avoir beaucoup travaillé sur documentation, journaux de routiers, lettres de lecteurs aux journaux au moment des grandes migrations d'été, articles d'urbanisme

    à noter que la région citée pour les trajets du livre m'est complètement étrangère - pour les paysages, j'ai uniquement travaillé en découpant des paysages archétypes dans des magazines, je les collais dans un cahier grand format et j'essayais d'en rendre compte avec des mots – c'est aussi cela qui me faisait revenir à Jules Verne, lequel écrivait ses voyages fantastiques à l'autre bout du monde sans quitter la cabine de son bateau à quai - je n'ai jamais pensé l'instance narrative nommée "Verne" dans le livre comme personnage, mais comme instance même de cette réappropriation du réel par le langage, et que si la langue peut réinventer ce qui ne nous est pas accessible, c'est ce fonctionnement même qu'il nous faut utiliser pour le plus proche (le quotidien dont parle Michel de Certeau, auteur que je préfère nettement à Beigbeder cité par Elisabeth (quelle bizarre idée?)

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  15. Le roman Autoroute, par Francois Bon, examine le rapport entre le texte, le film et le monde. La protagoniste accompagne son ami, Verne, qui est un cinéaste bien connu. Les deux hommes observent une autoroute en France pendant sept jours afin de créer un nouveau film. Les deux hommes utilisent des façons différentes pour exprimer le monde autour d’eux. Et quand on combine ces deux façons (le texte et le film), on peut mieux comprendre la vie contemporaine.

    Je pense que le film joue un grand rôle en créant une représentation intéressante et artistique de la vie. Bon essaie de créer de rendre son roman similaire à un film. Il utilise les descriptions et les observations très précises. Par conséquent, le lecteur peut imaginer facilement les scènes du roman. Aussi, Bon utilise les dates et les heures pour révéler le passage du temps pendant le roman. Je pense que sa tactique est similaire à celle d’un script de film.

    Par ailleurs, ce roman a deux buts. Il examine les effets de la littérature et du cinéma sur la vie contemporaine, et il réfléchit aux différences entre les mots et les images.

    Finalement, j’ai une question. Quelle est la signification littéraire des annexes à la fin du livre ? Elles sont très descriptives, mais quelle est leur nécessité pour le roman ?

    Jacqueline Canniff

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  16. J’ai aimé ce livre car il présente un autre endroit, la route, que nous utilisons tous les jours mais dont on ne comprend pas tout ce qui s’y passe. Ce livre me rappelle "Journal du Dehors", parce qu’il observe aussi bien les gens et les lieux qui nous entourent. Lorsque vous conduisez sur l'autoroute, vous n’avez que votre pensée pour vous rendre à destination. Vous pouvez avoir parcouru cette route même une douzaine de fois. J'aime la façon dont le livre va dans les détails sur les personnes que Verne rencontre sur sa route.

    Les chapitres sont indiqués par jour de la semaine et du temps. Cela rend son voyage pendant une semaine facile à suivre. À la fin du livre, il ya les annexes. Maintenant que je sais que les détails dans le livre sont réels, cela me fait penser. Il y a tellement de personnes différentes que nous rencontrons tous les jours sans nous en rendre compte. En raison de notre manque d'observation de l'autoroute et de nos non-lieux.

    Brittany Hedger

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  17. Réponses de François Bon:

    curieux comme cette question des "annexes" revient dans vos messages!

    plusieurs éléments :

    - la lecture linéaire n'est plus que très rarement notre mode principal d'appropriation des textes – dans Internet nous utilisons en permanence l'hyper-texte, dans une thèse universitaire il y a aussi des annexes et des notes de bas de page

    - au point de départ de ce travail, il y a l'hommage à Cortazar, et ses "Autonautes de la cosmoroute" (voir plus haut), un autre de ses livres majeurs c'est "Marelle" où le lecteur organise lui-même son parcours d'un bloc de texte à l'autre

    - un autre livre très important pour moi, dans ce rapport de l'écriture aux géographies contemporaines, c'est "Espèces d'espaces" de Georges Perec

    – il propose pour chaque définition d'espaces (la chambre, l'immeuble, la rue, la ville) des exercices d'écriture, mais lui-même, lorsqu'il les réalise, les publie dans d'autres livres ("Penser/Classer", "L'Infraordinaire"), là aussi, lecture en étoilement

    - le principe du roman, j'y reviens, c'est de faire passer sa fiction pour vraie - le statut textuel de ces "annexes" n'est pas celui du récit, mais de textes mimant la documentation stricte, listes, transcriptions d'entretiens (fictifs, mais en respectant la forme orale brute), relevés de compte etc – en séparant ces 2 fonctionnements, annexes et récit, l'idée était de bénéficier pour le récit d'un statut de réalité augmenté

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