dimanche 10 janvier 2010

Annie Ernaux, Journal du dehors (1993)


Discussion de Journal du dehors (1993) par Annie Ernaux.

12 commentaires:

  1. J’ai trouvé qu’il y avait beaucoup de contrastes/d’oppositions dans ce livre : monde des riches et des pauvres, les paysages sauvages/sales et civilisés/propres, les ‘bons’ et les ‘méchants’, les dominants et les dominés, chansons et modes nouvelles et anciennes, etc… peut-être veut-elle souligner l’existence d’une société qui se perd dans une dichotomie trop rigide ?

    L’importance du statut social est omniprésente car l’auteur montre que les gens qui ont de l’argent sont mieux traités. Le boucher est plus amical avec les clients qui dépensent le plus chez lui et le docteur est accusé d’avoir négligé l’état de santé des deux enfants à cause du peu de moyen de leurs parents. Elle nous montre que les personnes ‘riches’ reçoivent plus d’attention que les autres et qu’ils prennent plaisir à exhiber tous signes extérieurs de richesse devant un public inconnu. Le succès et la réussite professionnelle sont indispensables dans cette société. Si les gens ne font pas partie de l’élite sociale, ils sont humiliés publiquement ou traités comme des êtres inférieurs (caissières ou ouvriers de la S.N.C.F. par exemple) et l’acceptent sans rien dire ! Quant aux SDF, ils sont totalement ignorés et parfois même invisibles. Tout le monde a une place dans cette société qui ne conteste ni les stéréotypes ni les différences sociales. Le but est d’éviter tout questionnement qui pourrait provoquer un malaise et révéler de nombreuses hypocrisies.

    L’auteur avoue que les personnes observées (intentionnellement ou malgré elles) dans les non-lieux lui rappellent sa vie ou des épisodes de celle-ci. Ce journal du ‘dehors’ lui sert à se remémorer qui elle est/était ‘dedans’.

    Céline JG

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  2. Au début, j'ai trouvé que le style du livre le rendait difficile à lire. Voyant que ce roman n'a pas d'intrigue traditionnelle, il manquait du rapport entre les chapitres du livre (et même les paragraphes), auquel le lecteur s'attend. Mais, en arrivant à la fin, je me suis rendue compte du fil que l'auteur a tissé du début à la conclusion du livre, le fait que la protagoniste trouve sa propre existence au-dehors dans les autres. En se voyant dans les autres, la protagoniste s'aperçoit des qualités de sa propre identité qu'elle n'aurait pas pues connaître autrement. Puisque le protagoniste met autant d'importance sur la vie extérieure que sur la vie intérieure, il me semblait qu'elle manque du désir typique de posséder sa vie à elle. En revanche, cela lui donne l'avantage de ne jamais se sentir complètement isolée.

    Je suis étonnée d'être d'accord avec la position de la protagoniste. Elle me rend mal à l'aise, car cette perspective m'éloigne de ma vie intérieure et je préfère me connaître sans l'intervention des autres. Mais, c'est vrai que l'on passe la plupart de la vie parmi des inconnus et qu'ils s'influencent. Si l'on prêtait attention aux détails minuscules des autres pour se rendre compte de leur influence sur nous et de leur participation à la vie quotidienne collective, on se connaîtrait mieux.

    Marjorie Johnson

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  3. J'ai trouvé le livre très intéressant à cause du style de l'écriture de l'auteur. Annie Ernaux écrit et décrit des gens qu'elle a observés. Elle sert de narrateur et d’auteur du livre. Annie Ernaux décrit des gens normaux qui font des activités normales à Paris, France. Par exemple, dans les non-lieux comme le RER, la SNCF ou le Franprix. Je peux m’identifier à beaucoup des gens qu’elle a observés car j’ai habité à Paris (la ligne quatre du métro dont parle Ernaux est la même que je prenais pour aller à mon domicile). Et aussi, par exemple sa description de quelqu'un donnant une pièce de monnaie à une personne qui est pauvre à la page 20 -21.

    Elle ne passe pas beaucoup de temps à décrire chaque personne dans le livre. Le plus souvent, elle décrit la voix et les aspects physiques des personnes. Et alors, il y a un mode débranché et agité d'écriture. Le livre a aussi un ton sombre en général. Elle parle des hôpitaux, du cancer, et sur sa première page décrit un signe qui dit, « Si vos enfants sont heureux qu'ils sont communistes (pg.11)”.

    Avec ses observations d'autrui, elle parle aussi de ses propres expériences dans divers non-lieux. Finalement à la page 36 elle raisonne sur son choix de sujet. Elle dit : « Pourquoi je raconte, décris, cette scène, comme d’autres qui figurent dans ces pages. Qu’est-ce que je cherche à toute force dans la réalité ? Le sens ? Souvent, mais toujours, par habitude intellectuelle (apprise) de ne pas s’abandonner seulement à la sensation : la mettre au-dessus de soi »

    Lauren Patch

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  4. Dans le livre Journal du Dehors, Annie Ernaux présente ses observations du monde où elle habite. Je pensais que le livre était un peu différent des autres livres que nous avons déjà lus. Bien qu’il décrive des événements vrais, j’ai trouvé que le livre était similaire à « Extension du domaine de la lutte. » Par exemple, elle raconte le monde autour d’elle. Néanmoins, c’était différent parce qu’elle ne donne pas vraiment ses opinions sur les autres ; elle ne fait que les observer. Dans Extension du domaine de la lutte, le narrateur était très négatif, et il a jugé tout le monde. Aussi, j’ai trouve que les deux livres partagent le thème de la mort. Mais encore, le narrateur d’Extension du domaine de la lutte pensait beaucoup à la mort, mais plus spécifiquement au suicide. Par contraste, Ernaux présente « l’idée » de la mort, et l’idée de la vie après la mort. Par exemple, elle parle de l’auteur Ania Francos qui a un cancer. Pour Ernaux, elle a des difficultés à imaginer que dans quelques mois Francos sera morte. Aussi, Ernaux raconte que souvent, elle entend la phrase « Tu verras quand on ne sera plus là. » Donc, les deux romans traitent du thème de la mort, mais le font de manière différente.

    Francesca LeGault

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  5. Au début du roman, j'étais un peu confuse au sujet de ce qui se passait. La narratrice sur tous ces différents événements qui se passent autour d'elle dans ce lieu qui ressemble à un non-lieu. Je pense que la manière avec laquelle elle observe les événements autour d'elle la met à l'extérieur. Nous n'avons jamais trop de détails sur les émotions que les personnages ressentent. Je crois qu’à cause de cette distance, il est difficile de s’identifier au personnage principal. Mais je ne pense que l'ensemble du livre est très intéressant parce que c'est un point de vue sur ce que chacun d'entre nous voyons tous les jours sans nous en rendre compte. Nos vies sont affectées par les étrangers que nous rencontrons chaque jour.

    Le livre présente aussi beaucoup de contrastes. Le contraste entre différents lieux, le RER, le Super-M, Saint-Lazare, la station
    Charles-de-Gaulle-Etoile, etc. Pour chacun de ces endroits, on nous dit des choses sur les gens qui vont là-bas. La narratrice montre également le contraste entre les riches et les pauvres, les vieux et les jeunes, les différentes catégories de travailleurs. À la fin du livre, le personnage principal va trouver sa place, puis ne plus regarder à travers "Les façades de béton rose et bleu".

    Comme Francesca J'ai aussi pensé que le roman me rappelait "Extension du domaine de la lutte». Dans les deux romans, on y observe le monde extérieur. La différence avec le "Journal de dehors" est que nous n'avons pas eu la chance de voir ses émotions personnelles.

    Brittany Hedger

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  6. Les effets du monde sont visibles partout dans nos vies. Annie Ernaux a essayé de montrer les événements quotidiens qui se passent chaque jour chez tout le monde. Je ne pense pas qu’elle a fait des jugements profonds. Je ne pense pas que le livre était facile à lire mais les interactions personnelles n’étaient pas une idée difficile à comprendre. Tout le monde est jugé chaque jour et c’est plus facile de noter si c’est quelqu’un inconnu comme dans la rue ou un autre « non-lieu » comme la gare avec les personnes familières. Si tu vois quelqu’un dans un costume tu penses qu’il est plus important qu’un sans abri mais la seule raison pour laquelle tu le penses c’est à cause de son habillement. Il y avait un extrait dans le roman où la personne plus riche a reçu des avantages à cause de ses vêtements et les choses qu’elle a commandées. C’est vrai qu’il y a des interactions intéressantes avec les personnes inconnues et c’est sûr qu’on a préjugés consciemment ou non, mais je ne pense pas que c’est un sujet intéressant pour le but d’un roman. Finalement j’ai pensé que les actions personnelles manquent dans le roman. Le roman était trop comme un non-lieu lui-même.

    Taylor Marge

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  7. Le roman, Journal du Dehors, examine la vie quotidienne d'Annie Ernaux. Son style d'écriture est incroyablement unique comme elle partage les nouvelles en apparence sans importance qui font sa vie. Elle est très abrupte quand elle examine la société et ses connexions avec les gens qu'elle rencontre pour un moment. Ses nouvelles sont détachées quand elle discute des événements différents, mais le lecteur veut en lire plus.

    Le roman est unique parce que Ernaux ne décrit pas les moments très significatifs de sa vie; par contre, elle choisit de réfléchir aux sujets comme des inconnus et des activités quotidiennes. Ernaux examine tous ce qu'elle voit d'un point de vue distant. Son observation de sa vie est assez détachée, et elle n'enjolive pas les faits. On peut comprendre son idée que la vie est souvent remplie de moments simples. Ses nouvelles sont extrêmement crédibles.

    Je suis d’accord avec l’idée que chaque aspect de la vie, un moment insignifiant ou très important, peut affecter nos convictions et nos actions. Nous avons besoin d’interactions simples pour rendre les moments importants plus significatifs. Cependant, les interactions fondamentales peuvent influencer notre vie et notre perception d'autres dans des façons que nous ne pouvons pas prévoir.

    Jacqueline Canniff

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  8. C’était intéressant de voir comment Annie Ernaux pouvait remarquer tous les détails dans ses observations. D’habitude, on est si occupé par nos vies quotidiennes qu’on n’a pas l’occasion de remarquer la vie au-dehors, celle de nos voisins ou de nos amis par exemple. J’aime bien comment Ernaux peut créer une histoire d’une observation. Elle a une grande imagination et elle m’a donnée l’impression de m’inclure dans ses observations. Ses observations ne sont pas simples. Elle remarque notre société réelle. Il y a des différences entre les gens dans la société par classe et puis des différences entre la jeune génération et l’ancienne génération. Par exemple, on voit la différence de génération dans l’observation dans le train vers Saint-Lazare. Une vielle femme essaie d’enseigner ou conseiller son petit-fils. Mais, le petit-fils ne veut pas l’entendre parce que peut-être il pense qu’il sait plus que sa grand-mère. Ce scenario est vrai probablement dans nos vies quand nos parents essayent de nous conseiller mais on ne veut pas les écouter. Ernaux n’est pas vraiment optimiste sur la société ; elle nous montre plutôt une vie quotidienne qu’on rate de voir parfois. Parfois, cette vie est sympa et heureuse comme dans l’histoire de l’aveugle et parfois cette vie n’est pas sympa comme quand sa carte devient illisible. Mais elle est simplement une observatrice qui crée des anecdotes qui nous force à penser à notre société et aussi à notre vie.

    Caitlin Condrey

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  9. Annie Ernaux est peut-être une étudiante de Jean-Paul Sartre. Il me semble qu’un des thèmes de ce livre est celui de l’intersubjectivité. Sartre élucide cette idée dans « L’existentialisme est un humanisme, » où il écrit « Pour obtenir une vérité quelconque sur moi, il faut que je passe par l'autre. » C'est-à-dire que la valeur de soi est fortement liée à ce que les autres pensent de vous. C’est pour cela, donc, que les gens semblent toujours s’intéresser si fortement aux réactions et opinions présentées par d’autres.

    Dans le livre, beaucoup des gens décrits par Ernaux cherchent à susciter des réactions de la part des autres, souvent des étrangers. Il y a par exemple le couple à la boucherie qui fait une grande production de l’acte d’acheter de la viande. A la page 56 aussi, où un passager interroge un autre sur les détails de son travail en quête de « savoir comment les autres vivent pour savoir comment, soi, on vit. » Un autre bon exemple, encore dans un train, est celui de la lesbienne et la voyageuse qu’elle fixe. Il n’y a pas d’indication que l’autre est lesbienne aussi, mais elle est heureuse de l’attention parce que le fait d’être choisie lui permet d’augmenter son évaluation de soi-même.

    Chris Curtis

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  10. Ma première réaction à ce roman était qu’il y a beaucoup de négativité dans les non-lieux : les gens d’aujourd’hui ont perdu le désir de trouver le bonheur. Par exemple, il y a la jeune fille qui dit dans le métro : « je veux te mordre ». Ce n’est pas une attitude normale pour les enfants ou les adultes.

    J’ai continué à me poser la question pourquoi ? Pour déterminer la vraie cause de ce désaccord entre la réalité de la vie et l’image donnée par les media à l’égard de la nature typique des gens. La réponse la plus commune qui continue de me faire réfléchir est qu’il y a vraiment une inégalité économique à cause du capitalisme. Cette idée n’est pas nouvelle, mais je la comprends mieux. En effet, il y a deux classes comme résultat du capitalisme : les riches (ou les gagnants) et les pauvres (ou les perdants). Les riches sont ceux qui peuvent prendre l’avantage dans la vie : ils ont le succès financier et ils peuvent prouver leur succès par leurs accomplissements et leurs positions physiques. La nature humaine détermine le succès ou les accomplissements matériaux (à cause du succès économique) et sociaux (ils peuvent bien s’adapter au monde). C’est la différence entre la banlieue respectée qui est mentionnée dans le roman, et la banlieue bien traversée, sale, et pauvre.

    Les pauvres trouvent leurs positions à cause du commercialisme. Toutes les entreprises participent dans la course à la situation plus basse, et en effet ils veulent faire des profits, ajouter leurs marges, et éliminer les surcoûts qui ne sont pas nécessaires. Voilà la délocalisation, l’utilisation des machines, et le remplacement total du capital humain. D’une perspective financière, ces pratiques commerciales ont un sens, mais en réalité il y a les personnes (et les sociétés) qui sont blessées par leurs pratiques économiques. Les travailleurs sans compétences sont en grands nombres, et il n’y a pas assez de travail. Avec les prix élevés pour les choses essentielles de la vie (la nourriture et le logement) et la dépendance de la société sur les technologies chères, on ne peut pas survivre sans l’avantage de l’argent.

    Elizabeth Downing

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  11. Annie Ernaux donne de la vie à ce que la plupart de la société française ne voit pas. Elle donne de la vie aux scènes dont elle est le témoin pendant ses trajets en R.E.R vers Paris, dans les supermarchés, dans la boucherie du village et dans le centre commercial.

    J’ai trouvé son livre très intéressant parce qu’elle remarque plein de choses que moi je ne remarquerais jamais ou que si je les remarquais je n’y penserais pas deux fois. Elle donne de la vie et de la personnalité aux gens et lieux qui n’en ont pas. Elle essaye de transformer des non-lieux en non-personnes, des lieux en personnages.

    Un des passage que j’ai bien aimé est celui où elle décrit les gens dans une boucherie un samedi, parce que ça ma rappelle la scène de « Extension du domaine de la lutte » où notre héros essaye d'acheter un lit, parce qu’elle parle des jeunes qui sont seuls et achètent à manger et qu’elle voit des familles qui achètent à manger pour le dimanche midi et qui préparent un gros repas en famille.

    Stephan Vaast

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  12. Ernaux écrit bien sûr à propos des qualités qu'elle juge souhaitables dans d’autres œuvres, et pourtant ces mêmes qualités sont prédominantes dans sa propre écriture. Ainsi, ses propres histoires sont décrites comme des actions sur le monde, un témoignage et une mise en question de la réalité. Ernaux conçoit sa propre écriture comme une forme d'intervention culturelle, c'est-à-dire une manière d'entrer dans les débats sur un large éventail de questions sociales, politiques et sur la vie quotidienne.

    Ernaux voit le monde dans des manière différentes. Elle fait des observations sur d'autres personnages et comment ils réagissent entre eux et fait des commentaires brefs. J'ai aussi observé que Ernaux parle de sa vie mais vraiment d'une manière indirecte, elle nous dit pas grand chose sur sa vie mais quand elle parle de quelque chose de relatif elle fait une référence à sa vie.

    Je pense que le titre du livre est excellent parce que les anecdotes se passent toutes au dehors de la vie de la protagoniste. Il n'y a presque rien sur la vie de la protagoniste mais ce sont plutôt les expériences qui se passent à l’extérieur de sa vie avec les étrangers.

    Mitchell Philogene

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